Crise du vin de Bordeaux et haut de gamme de plus en plus haut
Un engin de chantier qui arrache les vignes de l'aire de production de Bordeaux Supérieur
De plus en plus souvent, les clients qui participent à notre circuit de dégustation à Saint Emilion, lors des discussions amicales entre passionnés que nous avons habituellement, me demandent ce qui se passe à Saint Emilion à propos de la crise du vin du Bordelais.
Certains semblent inquiets, d'autres ironisent sur la situation, et comme chacun a ses propres soucis, ils ne se préoccupent pas de ceux des autres.
Aujourd'hui universellement reconnue, la crise du vin rouge et corsé de Bordeaux (et donc en partie de Saint-Émilion) surprend et interroge: d'où vient-elle, pourquoi et qui concerne-t-elle?
Ayant travaillé avec de nombreux Châteaux de Bordeaux Supérieur et de Saint Emilion, quand je parle avec des clients j'exprime mon opinion, loin de me considérer comme un gourou du vin et peut-être même pas comme un expert; je me considère plutôt comme un passionné sincère.
Je pense qu'il faut faire un effort d'objectivité en considérant les facteurs: tout d'abord, les jeunes consommateurs préfèrent boire de la bière, souvent artisanale, plutôt que du vin.
Je n'aime pas penser que la mode influence les goûts mais, malheureusement, il est plus courant de voir des pintes de bière sur les tables des bars et restaurants que des verres de rouge, même à Saint Emilion.
Deuxièmement, les prix de la bière sont généralement inférieurs à ceux d'une bouteille de vin, dans ce cas je me réfère principalement à la consommation domestique.
Troisièmement, les vins structurés et corsés de la région de Bordeaux ne sont plus à la mode, tandis que les consommateurs préfèrent des vins plus acides et frais, issus principalement de variétés cultivées dans le Beaujolais, la Loire, la Champagne et la Bourgogne.
Comme dans tout article, la conséquence est que les prix de ces derniers continuent à augmenter (surtout pour les Bourgogne), tandis que le prix du Bordeaux Supérieur vendu à la cave coopérative, ce qui arrive si le producteur ne parvient pas à vendre sa propre bouteille ou en l'absence d'accords particuliers avec les négociants, a touché 80 centimes le litre en 2023, et même moins!
Je peux vous assurer que ce prix ne couvre pas les coûts de production, même pour un producteur particulièrement économe et soigneux.
Et que deviennent les "premiers grands crus classés" groupe A et groupe B de Saint-Émilion, c'est-à-dire les 14 producteurs (sur plus de 800) qui sont arrivés en tête du classement officiel de 2022?
Eh bien, comme tous les produits de luxe, leurs prix ont continué à augmenter, malgré la tendance générale; qu'il s'agisse de yachts, de voitures, de villas, de montres ou d'autres biens, le luxe ne connaît pas la crise!
Je vous laisse tirer vos propres conclusions, me limitant à lever mon verre avec un bon Château Coutet Bio (30 € la bouteille et souvent parmi les mieux classés lors de dégustations à l'aveugle) à la santé de ceux qui ont les moyens de s'offrir des bouteilles bien plus célèbres et onéreuses mais, surtout, à la santé de ces " happy few " dont parle Stendhal qui ne se laissent pas influencer par les modes et boivent ce qu'ils aiment le mieux..... salute!
Vous êtes majeur, vous aimez le vin et vous voulez profiter du beau soleil de printemps, vous souhaitez participer à une belle excursion qui se terminera par une délicieuse dégustation de Saint Emilion? Venez nous rendre visite prochainement, le printemps est une belle saison pour visiter les vignobles!
Comments